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#226 2005-12-27 11:08:02
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Re : CITATIONS BEAUCOUP BEAUCOUP MOINS DEBILES
Gustave LE BON / Aphorismes du temps présent (1913) / Paris, Les amis de G. Le Bon 1978
« L'action désintéressée nous grandit à nos yeux et donne souvent plus de joie que des actes égoïstes. »
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#227 2005-12-27 11:08:42
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Re : CITATIONS BEAUCOUP BEAUCOUP MOINS DEBILES
Léon BLOY / Exégèse des lieux communs / Mercure de France 1968
« Je ne suis pas plus bête qu'un autre.
L'universelle supériorité de l'homme qui n'est pas plus bête qu'un autre est ce que je connais de plus écrasant. »
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#228 2005-12-27 11:09:20
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Re : CITATIONS BEAUCOUP BEAUCOUP MOINS DEBILES
Friedrich NIETZSCHE / Humain, trop humain. (1878-1879) / OEuvres I / Robert Laffont - Bouquins 1990
« Fréquentation et arrogance.
On désapprend l'arrogance quand on se sait toujours entre gens de mérite ; être seul produit l'outrecuidance. Les jeunes gens sont arrogants, car ils fréquentent leurs pareils, qui tous, n'étant rien, aiment à passer pour beaucoup de chose. »
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#229 2005-12-27 11:09:52
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Re : CITATIONS BEAUCOUP BEAUCOUP MOINS DEBILES
Lucien ARRÉAT / Réflexions et maximes / F. Alcan 1911
« La timidité dont s'accompagne si souvent un juste orgueil, c'est toujours la crainte, au fond, de ne pas paraître à la hauteur de l'estime qu'on fait de soi-même. »
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#230 2005-12-27 11:10:32
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Re : CITATIONS BEAUCOUP BEAUCOUP MOINS DEBILES
NADAR / Quand j'étais photographe (1900) / Babel Actes Sud 1998
« Si bonne est l'opinion de chacun sur ses mérites physiques que la première impression de tout modèle devant les épreuves de son portrait est presque inévitablement désappointement et recul (il va sans dire que nous ne parlons ici que d'épreuves parfaites).
Quelques-uns ont l'hypocrite pudeur de dissimuler le coup sous une indifférente apparence, mais n'en croyez rien. Ils étaient entrés défiants, hargneux dès la porte et beaucoup sortiront furibonds.
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#231 2005-12-27 11:11:05
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Re : CITATIONS BEAUCOUP BEAUCOUP MOINS DEBILES
Jean COCTEAU / Le Rappel à l'ordre / Romans, Poésies, OEuvres diverses / La Pochothèque LdP 1995
« Nous abritons un ange que nous choquons sans cesse. Nous devons être gardiens de cet ange. »
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#232 2005-12-27 11:11:38
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Re : CITATIONS BEAUCOUP BEAUCOUP MOINS DEBILES
Paul VALÉRY / Mélange (1939) / OEuvres I / Bibliothèque de la Pléiade / nrf Gallimard 1957
« Le moi est haïssable... mais il s'agit de celui des autres. »
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#233 2005-12-27 11:12:26
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Re : CITATIONS BEAUCOUP BEAUCOUP MOINS DEBILES
Georges BERNANOS / Les Enfants humiliés (1940) / Essais et écrits de combats I / Bibliothèque de la Pléiade / nrf Gallimard 1971
« Je voudrais le dire maladroitement, aussi gauchement que je le pense : la difficulté n'est pas d'aimer son prochain comme soi-même, c'est de s'aimer soi-même assez pour que la stricte observation du précepte ne fasse pas tort au prochain. Pardonner les offenses ne serait qu'une disposition de l'âme assez naturelle, si nous pouvions nous pardonner aussi facilement d'avoir été un imbécile. »
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#234 2005-12-27 11:12:58
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Re : CITATIONS BEAUCOUP BEAUCOUP MOINS DEBILES
ALAIN / 81 chapitres sur l'esprit et les passions / Les Passions et la Sagesse / Bibliothèque de la Pléiade / nrf Gallimard 1960
« On dit qu'il y a des hommes qui sont assez contents d'eux-mêmes, mais je n'en ai point vu. Il n'y a pas que les sots qui aient besoin d'éloges, et renouvelés souvent. Je sais que le succès donne une espèce d'assurance. Mais même dans le plein succès, le sentiment le plus ordinaire est une détresse, par la nécessité de le soutenir. Il est pénible de déplaire ; il est délicieux de plaire ; mais quel est l'homme ou la femme qui soient si sûrs de plaire par leurs ressources seulement ? Les plus assurés s'entourent de politesse et de parures, et se fortifient de leurs amis. L'abus des sociétés oisives et le dégoût de penser à soi jettent presque tout le monde dans la recherche des flatteries, même payées ; par ce moyen on arrive à une espèce d'assurance. Mais cela ce n'est pas l'amour de soi, c'est la vanité. Personne n'en est exempt que je sache, en ce sens que tout éloge plaît un petit moment. Je trouve quelque chose de touchant dans la vanité ; c'est naïvement demander secours aux autres. Mais cette parure ne tient guère. La vanité est vanité. »
« J'ai pensé souvent à ce musicien qui, après quelques oeuvres de grande beauté, ne trouva plus rien de bon ; sans doute mit-il tout son génie à se condamner ; il mourut fou. Peut-être est-il sage de prendre un peu de vanité, mais sans s'y donner, comme on prend le soleil à sa porte. »
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#235 2005-12-27 11:13:43
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Re : CITATIONS BEAUCOUP BEAUCOUP MOINS DEBILES
ALAIN / Les idées et les âges / Les Passions et la Sagesse / Bibliothèque de la Pléiade / nrf Gallimard 1960
« Nul ne se choisit lui-même. Nul n'a choisi non plus ses parents ; mais la sagesse commune dit bien qu'il faut aimer ses parents. Par le même chemin je dirais bien qu'il faut s'aimer soi-même, chose difficile et belle. En ceux que l'on dit égoïstes je n'ai jamais remarqué qu'ils fussent contents d'eux-mêmes ; mais plutôt ils font sommation aux autres de les rendre contents d'eux-mêmes. Faites attention que, sous le gouvernement égoïste, ce sont toujours les passions tristes qui gouvernent. Pensez ici à un grand qui s'ennuie. Mais quelle vertu, en revanche, en ceux qui se plaisent avec eux-mêmes ! Ils réchauffent le monde humain autour d'eux. Comme le beau feu ; il brûlerait aussi bien seul, mais on s'y chauffe. »
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#236 2005-12-27 11:14:16
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Re : CITATIONS BEAUCOUP BEAUCOUP MOINS DEBILES
ALAIN / Propos I / Bibliothèque de la Pléiade / nrf Gallimard 1956
« On ne peut pas dire que l'envieux s'aime lui-même ; au contraire, il est triste en face de lui-même ; il voudrait être autre. Ambition exactement vaine, c'est-à-dire sans substance, sans pouvoir, sans espoir. Aussi l'envie est peut-être un désespoir. Car vais-je envier une facilité de mon voisin qui le fait avancer dans les mathématiques ? Envier cela, qui est de lui, non de moi ? Qu'en ferais-je ? Toute ma mathématique à moi, il faut qu'elle sorte de moi, que je la tire de moi. Je n'ai jamais à moi que ce que je développe de moi. Ce genre de courage et ce genre d'expérience est le véritable amour de soi. »
<juillet 1930>
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#237 2005-12-27 11:15:32
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Re : CITATIONS BEAUCOUP BEAUCOUP MOINS DEBILES
Emil CIORAN / Carnets 1957-1972 / nrf Gallimard 1997
« Le grand art est de savoir parler de soi sur un ton impersonnel. (Le secret des moralistes). »
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#238 2005-12-27 11:16:03
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Re : CITATIONS BEAUCOUP BEAUCOUP MOINS DEBILES
Georges BERNANOS / Les Grands Cimetières sous la lune (1938) / Essais et écrits de combats I / Bibliothèque de la Pléiade / nrf Gallimard 1971
« L'homme est né d'abord orgueilleux et l'amour-propre toujours béant est plus affamé que le ventre. Un militaire ne se trouve-t-il pas assez payé de risques mortels par une médaille de laiton ? Chaque fois que vous portez atteinte au prestige de la richesse, vous rehaussez d'autant le pauvre à ses propres yeux. Sa pauvreté lui fait moins honte, il l'endure, et telle est sa folie qu'il finirait peut-être par l'aimer. Or, la société a besoin pour sa machinerie de pauvres qui aient de l'amour-propre. L'humiliation lui en rabat un bien plus grand nombre que la faim et de meilleure espèce, de celle qui rue aux brancards, mais tire jusqu'au dernier souffle. Ils tirent comme leurs pareils meurent à la guerre, non tant par goût de mourir que pour ne pas rougir devant les copains, ou encore pour embêter l'adjudant. Si vous ne les tenez pas en haleine, talonnés par le propriétaire, l'épicier, le concierge, sous la perpétuelle menace du déshonneur attaché à la condition de clochard, de vagabond, ils ne cesseront peut-être pas de travailler, mais ils travailleront moins, ou ils voudront travailler à leur manière, ils ne respecteront plus les machines. Un nageur fatigué qui sent sous lui un fond de cinq cents mètres tire sa coupe avec plus d'ardeur que s'il égratigne des orteils une plage de sable fin. Et remarquez vous-même qu'au temps où les méthodes de l'économie libérale avaient leur entière valeur éducative, leur pleine efficacité, avant la déplorable invention des syndicats, le véritable ouvrier, l'ouvrier formé par vos soins, restait si profondément convaincu d'avoir à racheter chaque jour par son travail le déshonneur de sa pauvreté que, vieux ou malade, il fuyait avec une égale horreur l'hospice ou l'hôpital, moins par attachement à la liberté que par honte - honte de "ne pouvoir plus se suffire" comme il disait dans son admirable langage. »
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#239 2005-12-27 11:16:37
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Re : CITATIONS BEAUCOUP BEAUCOUP MOINS DEBILES
Philippe BOUVARD / Maximes au minimum / Robert Laffont 1984
« Le comble de la suffisance intellectuelle est de croire qu'on peut apprendre quelque chose en s'écoutant monologuer. »
« À partir du moment où le plaisir des autres nous fait plaisir, les bons sentiments deviennent suspects. »
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#240 2005-12-27 11:17:22
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Re : CITATIONS BEAUCOUP BEAUCOUP MOINS DEBILES
Philippe BOUVARD / Journal 1992-1996 / Le cherche midi éditeur 1997
« Dommage que l'admiration de soi - qui aide à vivre - ne débouche que sur le mépris des autres - qui assombrit l'existence. »
« Le besoin d'entendre affirmer par d'autres tout le bien qu'on pense de soi trahit le faible crédit qu'on accorde à sa propre opinion. »
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#241 2005-12-27 11:17:53
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Re : CITATIONS BEAUCOUP BEAUCOUP MOINS DEBILES
Georges PICARD / Petit traité à l'usage de ceux qui veulent toujours avoir raison / José Corti 1999
« On sait que l'éloge à autrui est l'une des figures détournées de la vanité personnelle. Il y aurait du ridicule à adresser des éloges à plus grand que soi, mais quelle douce autosatisfaction que de complimenter quelqu'un du haut de notre généreuse attention. »
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#242 2005-12-27 11:19:21
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Re : CITATIONS BEAUCOUP BEAUCOUP MOINS DEBILES
DE LA VANITE
Blaise PASCAL / Pensées / OEuvres complètes / Bibliothèque de la Pléiade / nrf Gallimard 1954
« La vanité est si ancrée dans le coeur de l'homme, qu'un soldat, un goujat, un cuisinier, un crocheteur se vante et veut avoir des admirateurs ; et les philosophes mêmes en veulent ; et ceux qui écrivent contre veulent avoir la gloire d'avoir bien écrit ; et ceux qui les lisent veulent avoir la gloire de les avoir lus ; et moi, qui écris ceci, ai peut-être cette envie ; et peut-être que ceux qui le liront ... »
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#243 2005-12-27 11:20:06
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Re : CITATIONS BEAUCOUP BEAUCOUP MOINS DEBILES
Jean de LA BRUYÈRE / Les Caractères / OEuvres / Bibliothèque de la Pléiade / nrf Gallimard 1951
« Qui peut, avec les plus rares talents et le plus excellent mérite, n'être pas convaincu de son inutilité, quand il considère qu'il laisse en mourant un monde qui ne se sent pas de sa perte, et où tant de gens se trouvent pour le remplacer ? »
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#244 2005-12-27 11:20:42
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Re : CITATIONS BEAUCOUP BEAUCOUP MOINS DEBILES
LA BEAUMELLE / Mes pensées ou Le qu'en dira-t-on (1752) / Droz 1997
« La vue d'un homme puissant nous pénètre de respect et de crainte. Il faut que nous soyons bien pervers ! »
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#245 2005-12-27 11:21:23
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Re : CITATIONS BEAUCOUP BEAUCOUP MOINS DEBILES
CHAMFORT / Maximes et Pensées, Caractères et Anecdotes / Garnier-Flammarion 1968
« Le philosophe, qui fait tout par vanité, a-t-il droit de mépriser le courtisan, qui fait tout pour l'intérêt ? Il me semble que l'un emporte les louis d'or et que l'autre se retire content, après en avoir entendu le bruit. D'Alembert, courtisan de Voltaire par un intérêt de vanité, est-il bien au-dessus de tel ou tel courtisan de Louis XIV, qui voulait une pension ou un gouvernement ? »
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#246 2005-12-27 11:21:58
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Re : CITATIONS BEAUCOUP BEAUCOUP MOINS DEBILES
VAUVENARGUES / Réflexions et maximes / Les moralistes français / Paris, Garnier frères 1875
« Quelque vanité qu'on nous reproche, nous avons besoin quelquefois qu'on nous assure de notre mérite. »
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#247 2005-12-27 11:22:45
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Re : CITATIONS BEAUCOUP BEAUCOUP MOINS DEBILES
Johann Wolfgang von GOETHE / Maximes et réflexions / Paris, Brokhauss et Avenarius 1842
« C'est quelque chose de terrible pour un homme distingué que de voir un sot tirer vanité de ses rapports avec lui. »
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#248 2005-12-27 11:23:32
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Re : CITATIONS BEAUCOUP BEAUCOUP MOINS DEBILES
STENDHAL / Journal / OEuvres intimes I / Bibliothèque de la Pléiade / nrf Gallimard 1981
« Le Français ne désire pas assez profondément d'aller à son but pour que la passion l'empêche de faire attention à toutes les jouissances ou à tous les désappointements de vanité qu'il rencontre dans son chemin. L'homme qui va à un rendez-vous, ou qui va voir si le décret qui le nomme à une place importante est signé, a assez d'attention de reste pour être jaloux d'un cabriolet à la mode. »
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#249 2005-12-27 11:24:06
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Re : CITATIONS BEAUCOUP BEAUCOUP MOINS DEBILES
Maurice JOLY / Recherches sur l'art de parvenir / Paris Amyot 1868
« Le premier soin d'un Français qui passe de la condition la plus chétive à une autre qui l'est un peu moins est de se nuancer, d'essayer une supériorité de ton et d'allure qui fasse illusion sur son origine. La contrefaçon se reconnaît, mais on fait toujours bien de se décrotter. »
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#250 2005-12-27 11:24:46
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Re : CITATIONS BEAUCOUP BEAUCOUP MOINS DEBILES
Charles-Augustin SAINTE-BEUVE / Mes Poisons / Collection Romantique / José Corti 1988
« Élevons un peu notre pensée. Qu'est-ce que le désir de la gloire chez les hommes, à bord de cette terre qui vogue dans l'espace infini où elle naufragera un jour ? Il me semble voir à bord d'un gros vaisseau destiné au naufrage, ou plutôt dont le naufrage est continuel et déjà commencé, de nombreux passagers desquels pas un n'arrivera, et dont les premiers morts ont un désir insensé d'occuper la mémoire des survivants, de ceux qui vont bientôt disparaître et s'abîmer à leur tour. Il est vrai qu'à le voir de près, le vaisseau est immense, que les passagers d'un pont ne connaissent pas ceux d'un autre pont, et que la poupe ignore la proue ; cela fait l'illusion d'un monde. Il est vrai encore qu'en même temps qu'on meurt en un coin du vaisseau, on danse, on se marie, on fête les naissances tout à côté, et que l'équipage se reproduit et ne diminue pas. Mais, qu'importe ? il n'est pas moins voué tout entier à un seul et même terme. Nul ne sortira de cette masse flottante pour aller porter son nom ni celui de ses semblables sur les rivages inconnus, sur les continents et les îles sans nombre qui étoilent le merveilleux azur. Tout se passe entre soi et à huis-clos. Est-ce la peine ? - J'ai fait la paraphrase, mais Pascal a rendu d'un mot cette pensée : "Combien de royaumes nous ignorent !" »
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